Un mois après le massacre du Néguev occidental

Nous, les Israéliens, nous sommes redevenus les Juifs. Même les minorités Druzes, et Bédouines, et tous ceux qui jouent franchement le jeu de la citoyenneté israélienne, ont bien compris notre situation et leur solidarité et leur identification sont totales. Israël est bien Israël, et, dans la représentation perverse qu’en ont la mémoire chrétienne et la mémoire musulmane, le « Juif éternel ».
Ces deux civilisations se savent issues, pour leurs sources intellectuelles et religieuses, pour une grande part, de la Tradition Juive. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire la Bible chrétienne incluant les Evangiles d’une part, et le Coran, d’autre part, et de les comparer à la Bible Hébraïque qui leur est, de loin, antérieure.
Cette source oubliée, masquée, déniée, crée une ambiguïté sur leur origine qui, pour elles, reste obscure, troublante, œdipienne, non élucidée et surtout non assumée, est l’occasion toujours renouvelée du cycle attraction-répulsion qu’Israël leur inspire.
La renaissance d’Israël comme Peuple souverain dans sa patrie historique et ses succès scientifiques, littéraires, spirituels, économiques et militaires, en moins d’un siècle, contredisent si fort l’image repoussante qu’elles s’étaient bâties de notre peuple, pour se valoriser elles-mêmes, que cette image positive d’Israël, celle de la réalité, leur est, trop souvent, insupportable.
Tout se passe comme si le monde occidental pouvait à la rigueur accepter de donner du respect aux Juifs morts, et un bref instant, s’apitoyer sur leur sort, surtout lorsqu’ils sont assassinés avec sauvagerie, mais en aucun cas les Juifs vivants n’auraient le droit de se défendre, de riposter, ou alors on pourrait leur reconnaître ce droit du bout des lèvres, mais ils n’auraient surtout pas le droit de vaincre ceux-là mêmes qui sont les meurtriers infâmes de leurs familles et de leurs citoyens.
Aucun autre peuple sur la planète n’est traité de cette façon. Il y aurait un droit particulier, sui-generis, d’ailleurs non écrit, qui régirait l’Etat Juif souverain. Non seulement, l’on se croit autorisé à dire n’importe quoi au sujet des Juifs, et des Israéliens, sur leur histoire, leurs liens avec leur Terre, leur Gouvernement, la structure de leur Etat et son fonctionnement, leur capitale, mais en outre, chaque peuple a coutume de leur attribuer ses propres perversions.
En Israël même, le développement économique, la société de consommation, les nouvelles technologies, avaient tendance à faire oublier ces données de base, ce statut de la civilisation juive face à l’Occident et face à l’Islam. Il y avait surtout ceux qui ne voulaient pas voir, ceux qui se rêvaient partie prenante du « grand tout » d’une mondialisation galopante, la prétendue « gauche » israélienne, fort détachée des classes laborieuses, et qui considéraient, parfois avec violence, les sources de la sagesse juive comme apanages du passé.
La journée du 7 Octobre dernier a remis les montres à l’heure. La massivité et la cruauté de l’attaque surprise du Hamas a mis en lumière les illusions de la « protection technologique » d’une barrière très coûteuse et surtout le mirage sur notre capacité d’amadouer l’ennemi, de le rendre plus humain, en aidant à son confort en lui fournissant eau, gaz et électricité, et en contribuant à ses progrès économiques.

La sauvagerie perverse et pleutre des assassins de femmes, enfants et vieillards, les viols, les tortures, les démembrements, les étêtements de bébés, les brûlements au lance-flamme, l’inhumanité du traitement des personnes enlevées y compris des jeunes enfants, et dont on est sans aucune nouvelle un mois plus tard, mais aussi la paralysie étrange de l’ONU et de la croix-rouge incapables de leur porter secours ou de seulement vérifier leur situation, voire leur manifestant une hostilité déclarée et l’indifférence internationale au sort de ces Juifs civils capturés et, par contre, la suspecte sollicitude pour la population de Gaza face à notre riposte mesurée, soigneusement dosée pour épargner autant que possible la vie des non-combattants, tout cela vient nous rappeler le genre d’égalité  et de respect réservés aux Juifs dans la société mondialisée.

L’on doit aussi noter la montée démentielle des actes antisémites dans le monde, la violence des manifestations des Musulmans en Occident même et l’insupportable audace éhontée de l’axe du mal qui prétend comme Nasrallah, leader du Hezbollah libanais, accuser les Juifs eux-mêmes du massacre.

Bien des présupposés de la société israélienne et de ses rapports avec la Diaspora viennent de voler en éclats. Il serait souhaitable de pouvoir énoncer, à la lumière de ces événements, d’ailleurs encore en développement, ce que pourrait être un nouveau consensus israélien et un nouveau consensus du Peuple Juif tout entier. Mais il n’est pas moins important de procéder à une remise à jour de la façon dont Israël et les Juifs sont traités dans le monde, par les Etats, les organisations internationales et le peuples eux-mêmes.

La manière dont Joseph Borrel, ministre des Affaires Etrangères de l’Union Européenne résume la situation actuelle est très significative des impasses conscientes et inconscientes, des présupposés et des manipulations de l’Occident et des Arabes dès qu’Israël est impliqué.

Il y aurait d’abord un conflit territorial israélo-palestinien, doublé d’un conflit israélo-arabe devenu soudain un affrontement de civilisations. Cela résulterait d’un échec politique et moral de n’avoir pas réussi à mettre en œuvre la « solution à deux Etats » sur le territoire entre le Jourdain et la mer. Côté Israélien, dit-il, la « colonisation » de la rive ouest en « toute impunité et violence » à l’égard des Palestiniens et serait devenue « plus brutale » depuis le 7 Octobre. Les Palestiniens modérés auraient seulement échoué à « capturer les extrémistes ». La réaction des Israéliens contre le Hamas est qualifiée d’« exagérée » et leur aurait fait perdre le soutien de la communauté internationale. Rien ne serait plus urgent que de « faire cesser la violence à Gaza ».

Ce discours est si éloigné de la réalité historique et juridique et des faits sur le terrain et exprime un tel mépris du sort des otages juifs, et des droits des Juifs en général, que l’on comprend que l’U.E. s’est disqualifiée d’avance.

Il convient de remettre un peu d’ordre dans la description de ce qui s’est réellement passé. Signalons d’abord que la Terre d’Israël, entre la mer et le Jourdain est la patrie historique du Peuple Hébreu, devenu le Peuple Juif, depuis plus de 3500 ans environ. Jérusalem est sa capitale depuis plus de 3000 ans. Pendant 1250 ans au moins, s’est développée sur la Terre d’Israël la civilisation hébraïque jusqu’à l’an 70 de l’ère courante où elle a subi un très grave revers avec la destruction du Temple de Jérusalem et d’immenses massacres de Judéens par les légions romaines. Pourtant, s’est toujours maintenue, de siècle en siècle, une population juive rivée à son pays, chaque époque voyant des contingents de Juifs de l’exil revenir en Israël. Dans le dernier tiers du 19ème siècle s’est renforcé un mouvement de retour des Juifs vers leur patrie ancienne, devenu plus important encore avec la constitution du Mouvement Sioniste visant le retour de la souveraineté juive dans son pays.

En termes de Droit International Public, Il existe un document de référence consensuel que l’Occident et l’Islam font semblant d’ignorer parce qu’il fixe l’étendue géographique de la reconnaissance par les Nations des droits éternels du Peuple Juif sur sa patrie. Après la première guerre mondiale, sur les ruines de l’empire Ottoman, sous les auspices de la Société des Nations en 1920 et 1923, a été établi un partage des territoires du Proche-Orient par le traité de San Remo. Les Arabes se sont vu attribuer les immenses territoires irakien et Syrien et le territoire Libanais. Les Juifs ont obtenu la Palestine occidentale entre le Jourdain et la mer mais aussi la Palestine orientale qui constituait les 4/5 du territoire. Le traité prévoyait une période transitoire durant laquelle ces territoires seraient confiés par « mandat » aux deux grandes puissances de l’époque, la Grande-Bretagne et la France.

Or dès 1922, les Britanniques violant leur mandat sur la Palestine, ont détaché la Palestine orientale du territoire des Juifs pour constituer l’Emirat de Transjordanie, accédant en 1946 à l’indépendance et devenu le Royaume de Jordanie. Ce pays est peuplé aujourd’hui à 80% d’Arabes palestiniens.  Le partage inégal de la Palestine a donc eu lieu et les Arabes palestiniens en ont reçu la plus grosse part !

Il existe une connivence de l’Occident et de l’Orient arabe pour prétendre que les Juifs devraient renoncer à une part importante de leur patrie historique en faveur d’un troisième Etat palestinien en plus de la Jordanie et d’Israël. L’intention est claire : ne laisser aux Juifs qu’un lambeau de territoire qui sera toujours sous la menace d’une attaque surprise qui le fera disparaître. Le concept d’Israël-parenthèse historique, si souvent évoqué en Europe dans la dernière décennie, n’est pas fortuit et s’intègre aux perversions constitutives des rapports de ces deux civilisations au Peuple d’Israël. Cela suffit.

Il est grand temps d’affirmer devant les Nations, y compris les Etats-Unis d’Amérique que la souveraineté juive n’est pas un vain mot. L’absolue nécessité de l’application immédiate de la souveraineté israélienne, sur la région de Gaza, sur la Judée et sur la Samarie est devenu évidente. Il n’y a pas et surtout, il n’y aura pas à l’avenir de contrôle sécuritaire sur tout Israël sans les attributs définitifs de la souveraineté sur la Terre, de la mer au Jourdain. Tout le reste est mensonge.

La situation historique et juridique particulière de l’Etat d’Israël justifie d’autre part une exception temporaire au principe de l’accession à la citoyenneté par la population arabe de Gaza, de Judée et de Samarie en vertu de la territorialité de la loi.

Depuis 75 ans toutes les tentatives d’obtenir la reconnaissance de la légitimité de la présence souveraine des Juifs dans leur patrie historique par les Arabes de Palestine ont échoué. L’ignominie du 7 octobre dernier met un terme final à cette espérance. Nous ne jouerons plus à la roulette russe avec nos vies et celles de nos enfants, petits-enfants et autres descendants, en raison de pressions émanant de qui que ce soit. Rien n’empêche d’établir un système d’autonomie limitée en faveur des Arabes de ces régions excluant la possession d’armes et l’accès à la citoyenneté israélienne en vertu de conventions à convenir. Ceux qui ne pourront pas supporter la souveraineté juive seront invités à rejoindre l’Etat palestinien Arabe, la Jordanie ou tout autre Etat dans le monde. La Déclaration récente du Secrétaire d’Etat américain Blinken pour exclure la souveraineté israélienne sur Gaza parce que le Hamas aurait « la capacité de réitérer le 7 octobre encore et encore » est inacceptable pour Israël. Nous ne cesserons pas les combats tant que l’un de nos ennemis sur le territoire entre le Jourdain et la mer aura une telle capacité. Nous n’aurons pas d’autre choix que d’imposer notre souveraineté sur tout ce territoire dans ce but. Toute autre solution est manipulatoire.

Léon Rozenbaum

 

 

 

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