L’Occident, en fin de compte, veut-il notre mort ?
Les événements en cours depuis le 7 octobre dernier sont l’occasion d’un dévoilement sans précédent de la façon dont le monde occidental gère ses rapports et exprime ses intentions et ses tentations à l’égard du Peuple Juif et spécialement de l’Etat juif souverain.
Un examen attentif des réactions des dirigeants, de la presse, de la majorité des intellectuels et des politiques occidentaux, ne peut conduire les Juifs qui s’interrogent, qui ont les yeux ouverts, et un minimum de savoir juif traditionnel, à une autre conclusion que de mettre en lumière la volonté, souvent inconsciente, de la civilisation qui s’est bâtie sur l’idée chrétienne, même si elle est de nos jours largement déchristianisée, d’en finir avec le Peuple d’Israël ou au moins de le ramener au statut d’une loque déchue, en morceaux, un mort-vivant, où elle avait su le confiner dix-neuf siècles.
Bien sûr, Israël a d’autres ennemis. Pour commencer ceux qui en Islam ont l’obsession absolue de nous détruire ici et maintenant. Cet archétype est bien connu dans notre histoire et notre Tradition et porte le nom d’Amalek.
Cependant, il faut être attentif au fait qu’il ne représente pas l’ensemble du monde islamique, dont des secteurs importants, que la Bible nomme « Ismaël », ont commencé à s’habituer à l’idée que si nous sommes réellement Israël, leur propre tradition les engage à reconnaître nos droits sur le petit pays d’Israël.
C’est que l’Occident n’a pas fini de jouer avec l’idée séculaire qu’il serait le « verus Israël », le « véritable » Israël. Ce qui se joue ici n’est rien de moins qu’une concurrence morale. L’enjeu est bien de savoir, en dernière analyse, quelle approche civilisationnelle de l’homme assure la plus grande proximité au Créateur du ciel et de la terre, à la moralité, pour pouvoir légitimement porter ce nom mystérieux : « Israël ».
L’universalisme de la Tradition Hébraïque est fondé sur son adhésion au monothéisme absolu et à la coopération entre D. et l’Homme. Il est le contraire de l’impérialisme. Pour lui, il y a place dans le monde pour le génie propre de chaque nation qui a droit au respect de tous : reconnaître le D. unique ne signifie aucune obligation d’adhérer à la foi juive ni à la Nation d’Israël. La seule morale commune minimale est celle des lois Noahides.
Le christianisme comme l’Islam n’ont pas échappé à ce piège : leur « universalisme » est un impérialisme. Ce qu’ils prétendent chacun, c’est que pour être universel, vous devez partager mes valeurs, vous conformer absolument à mon modèle. Du point de vue d’Israël, c’est un faux universalisme. Comme leur porte est largement ouverte, ils sont chacun devenus d’immenses empires au point de les croire « universels » !
Or, ce drame de savoir qui possède la vraie définition de l’Universel se rejoue à chaque carrefour historique important.
De même que ces Juifs qui ont fondé le Christianisme, les compagnons de Jésus, et surtout quelques générations plus tard, Saül de Tarse, dit « Saint-Paul », ont rejeté le joug des « Mitsvot » des commandements bibliques, individuels et collectifs, en échange de la puissance que donne le nombre par l’adhésion plus aisée à un comportement moral moins contraignant, les cadres actuels du monde occidental, au moyen d’une pseudo morale « woke » élémentaire et d’ailleurs pervertie, fondée sur une mondialisation dite écologique « pour sauver la planète », le mépris des Nations et de leur souveraineté, un racialisme repentant contre les « blancs », se positionnent en véritables détenteurs de la moralité.
Or, la civilisation occidentale est celle qui à l’époque historique, a atteint la plus vaste expansion sur la planète et l’attaque sauvage du Hamas contre l’Etat d’Israël, le massacre de plusieurs centaines d’Israéliens innocents et le rapt ignoble d’hommes, femmes et enfants juifs retenus depuis six mois au secret dans les geôles souterraines de Gaza, tous constitutifs de crimes de guerre, n’ont suscité qu’une très brève compassion en son sein.
Au contraire, la légitime riposte d’Israël, totalement conforme, elle, au droit international humanitaire, génère l’éclosion d’une haine des Juifs d’une fureur homicide, nourrie de mensonges incommensurables, d’une ampleur mondiale, encore inconnue, même à l’époque du massacre des Juifs européens. Des guerres, des morts, des blessés, dans divers conflits dans le monde, y compris impliquant le monde Arabe, sans commune mesure plus importants en nombre avec ceux entrainés à Gaza par la légitime défense d’Israël, n’ont pas entrainé le centième des condamnations, vociférations, indignations sélectives et menaces déchainées en Occident contre les Juifs depuis six mois.
Ce n’est pas un secret que l’équipe de politiciens qui entoure l’actuel président des USA, M. Biden, est largement inspirée par l’idéologie « Woke » d’Obama. La valse-hésitation de Biden dans le drame du 7 Octobre et de ses suites, d’abord venu à Jérusalem dire son émotion face à la sauvagerie, puis manifestant une impatience devenue colérique, puis menaces explicites face à la détermination de notre armée à appliquer les instructions de notre Gouvernement démocratique de détruire la puissance militaire du Hamas et ses capacités à gouverner est une bonne illustration de ces ambigüités. Mais si l’on observe la plupart des gouvernements européens, ceux d’Amérique du sud, leur presse, leurs intellectuels, l’on comprend que l’Occident tout entier est, dans cette affaire, devenu fou.
Vouloir à tout prix nous obliger à laisser au Hamas une force militaire résiduelle qui lui permettrait de reprendre le contrôle de Gaza et de préparer des nouvelles attaques contre Israël, alors qu’il détient toujours plus de 130 Israéliens arrachés à leurs familles, nous obliger à sortir de leurs prisons des centaines de terroristes assassins dument condamnés en justice et leur permettre de réorganiser de nouveaux forfaits, tout cela a de quoi susciter de graves interrogations sur les intentions occidentales.
En fin de compte, de fil en aiguille, nous pouvons légitimement penser qu’il est confortable à l’Occident de savoir que nous n’occupons qu’une infime partie du territoire que le droit international nous a reconnu à San Remo en 1923 dans le cadre de la Société des Nations, qui progressivement par la duplicité de la Grande-Bretagne et les guerres du monde arabe contre notre indépendance, est devenu une peau de chagrin indéfendable et toujours à la merci d’une attaque surprise.
Que nous ayons développé ce lambeau de terre en un Etat moderne et florissant regroupant la majorité du Peuple Juif et contribuant aux progrès de la civilisation humaine n’y change rien. Nos succès économiques, scientifiques, médicaux, littéraires, universitaires, la recherche biblique et talmudique si intense, la redécouverte de notre brillant passé dans notre sol, tout cela devrait ne survivre que sous la menace potentielle de destruction. Que personne ne s’étonne plus que nous n’acceptions plus cela.
Léon Rozenbaum
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