Identité

Comment fonder la solidarité entre tous les hommes? Comment éviter les guerres et les souffrances des innocents? Ces questions se posent depuis l’aube de l’humanité et les différentes approches du problème s’expriment de nouveau à chaque génération.
La pente naturelle de l’esprit humain semble bien être la tentation de l’uniformisation: si tous les humains sont façonnés culturellement sur le même modèle, ils n’auront plus de raisons de se battre, croit-on.
L’épisode de la tour de Babel dans la Bible hébraïque nous enseigne l’échec répété de cette approche: la mise au pas de la personnalité individuelle et collective, en vue d’éliminer les conflits, crée en fait une humanité de quasi-clones et conduit en réalité toujours à la ruine de la morale qui débouche nécessairement sur la déshumanisation, la confusion, la division et la violence. C’est là que l’humanité primitive s’est divisée et que s’est créée sa Diaspora: les Nations du monde.

La recherche en fraternité qui est le fil conducteur de la Thora part de prémisses différentes: elle conçoit le rêve d’une humanité future où chacun aimera son prochain dans sa personnalité individuelle et collective propre, dans le respect de certains principes moraux universels.

Abraham choisit donc la stratégie d’une famille qui deviendra un peuple pratiquant cet art difficile et qui, de proche en proche, convaincra l’ensemble des peuples de la justesse de cette formule. Pour Israël, c’est là l’Histoire spirituelle du monde, et peut-être l’Histoire tout court,  depuis les Patriarches. Il est fascinant de voir que l’Histoire de l’Europe des deux derniers siècles, mais plus encore la mondialisation actuelle poussent ces deux tendances à l’échelle paroxystique.

Le Jacobinisme a souhaité, et largement réussi, un nivellement des différentes « Nations » se trouvant en 1789 sur le territoire de la République française. Les personnalités régionales ont du s’effacer devant l’émergence du « citoyen », contraint à cultiver ses particularismes dans la sphère privée uniquement.

Ce modèle de société s’est longtemps vécu comme la panacée même s’il n’a guère dépassé les limites de l’hexagone. Après le « Sanhédrin » napoléonien, Les Juifs ont, en France, accepté cette règle du jeu, y perdant d’ailleurs beaucoup d’eux-mêmes.

Mais voilà que l’histoire coloniale de la France, puis la décolonisation et la déchristianisation lancent des défis nouveaux et surtout l’arrivée massive en Europe et singulièrement en France depuis quarante ans d’une population musulmane dont les critères et les valeurs sont fondamentalement étrangers à ceux du modèle républicain jacobin.

Il suffit en effet de se pencher avec un minimum d’honnêteté intellectuelle sur l’Histoire de la conquête islamique et les textes fondateurs de l’Islam pour comprendre que son ambition n’est pas seulement spirituelle mais tout autant politique: l’établissement du royaume de D.ieu sur terre suppose, à ses yeux, la domination politique des musulmans, même minoritaires, partout où ce sera possible.

Depuis quarante ans, les élites européennes sont dans le déni de l’incontestable montée en puissance des musulmans sur leur sol. En s’accrochant au modèle jacobin mais sans parvenir à faire entrer les Musulmans dans ses cadres auxquels ces derniers sont réfractaires.

Du coup, le terme d' »identité » est devenu objet d’opprobre dans la France actuelle non seulement à l’égard des Musulmans, mais peut-être plus encore à l’égard des Juifs qui, eux, ayant toujours respecté les règles républicaines, ne le méritent pas. C’est que l’Occident demeure marqué par un antijudaïsme structurel qui croît sans cesse et, par ruse de la conscience, va jusqu’à occulter le péril de la montée de l’Islam en Europe.

Dépourvue des outils intellectuels pour remédier à cette situation, l’Europe sombre progressivement. Les Juifs européens devraient bien mieux réfléchir à ce que le Sionisme peut leur offrir.

Léon Rozenbaum

 

 

 

 

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