Le point nodal ?

Il suffit de vivre en Israël depuis plusieurs décennies pour comprendre que nous passons notre temps à nous interroger sur le point de savoir si nous avons cette fois, atteint le stade ultime.
Notre aspiration à une vie calme et apaisée à l’extérieur comme à l’intérieur est si forte qu’elle nous a conduits souvent à de fausses évaluations concernant notre statut régional et mondial comme sur notre situation interne.
Cette fois pourtant, il semble que nous ayons atteint un point particulièrement paroxystique. Nous sommes en guerre depuis 10 mois. C’est la plus longue guerre qu’Israël ait connu depuis le rétablissement de la souveraineté juive au pays d’Israël, il y a 76 ans.
Nous n’avons, à ce stade, réussi à éliminer que partiellement l’organisation terroriste du Hamas, démentiellement armée dans la région de Gaza, dont l’unique effort et l’unique objectif était et demeure l’anéantissement d’Israël et le génocide des Juifs d’Israël et demeurant partout dans le monde.
Cette organisation criminelle, experte en intoxication et travestissements, détourne sans vergogne une aide « humanitaire » de plus en plus suspecte venue d’Occident et du monde arabo-musulman, et d’ailleurs également, par ruse, d’Israël lui-même, et ce depuis des années, au mépris des intérêts de la population dont elle avait la charge à seule fin de massacrer les Juifs.
L’agression de notre territoire et de villageois paisibles par l’attaque surprise du 7 octobre dernier, sa massivité et surtout sa sauvagerie innommable y compris l’ablation d’organes, surtout sexuels, le démembrement, la décapitation d’enfants, les viols systématiques, a causé en quelques heures plus de 1200 assassinés et plus de 4000 blessés. Il y a là de quoi nous faire ouvrir les yeux.

En outre, l’ennemi a procédé à l’enlèvement de près de 300 hommes, femmes, enfants et vieillards. Tout cela nous a dévoilé l’immensité de la haine de nos ennemis et l’étendue de nos illusions sur la patiente construction de la paix que tous, à des degrés divers, nous croyions possible.

C’est précisément cette fantasmatique espérance qui a causé l’impréparation de notre armée si perfectionnée et technologique, dont les chefs demeuraient persuadés que l’ennemi serait dissuadé d’entreprendre une attaque semblable, dont il ne pouvait ignorer le prix qu’il devrait payer en retour.

Il s’avère que notre incapacité de lecture réelle des événements ne concerne pas seulement nos ennemis déclarés mais s’applique aussi largement aux réactions du monde occidental face à notre riposte légitime. En effet, à peine passée la stupeur initiale face à la sauvagerie que nous avons subie, et qui, au départ avait soulevé l’indignation de certains chefs d’Etat occidentaux venus dire leur solidarité, en à peine quelques jours, c’est le sort des habitants de Gaza, face à notre riposte, on ne peut plus légitime, qui est devenu dans le monde l’unique objet de préoccupation ! Or beaucoup de civils Gazaouis s’étaient joints dans les exactions aux troupes terroristes et un très grand nombre d’entre eux, jusqu’aujourd’hui, approuvent le massacre du 7 octobre.

Il s’avère que toute une série d’autres perversions se sont alors révélées et notamment l’indifférence coupable des médias et politiques occidentaux à l’égard des personnes juives enlevées et maltraitées, une adhésion suspecte à la propagande du Hamas devenu soi-disant la version officielle alors que les indications fournies par notre gouvernement, elles, étaient toujours sujettes à caution dans les médias de l’Occident.

Mais l’hostilité à l’égard de notre pays s’est manifestée de façon encore plus grave en particulier lorsque la Croix-Rouge Internationale a carrément refusé de seulement tenter de remettre ou de faire remettre aux otages les médicaments indispensables à leur santé que l’Etat d’Israël a fournis.

De plus, tout se passe comme si le reste du monde continuait d’ignorer que notre pays doit faire face très concrètement, avec bombardements quotidiens et leurs lots de victimes, d’incendies, et de traumas, à des ennemis sur pas moins de huit fronts : à Gaza face au Hamas, au Liban face au Hezbollah, en Judée et Samarie, face au Hamas et d’autres groupes terroristes, au sud israélien, à Eilat face aux Houthis Yéménites qui ont déjà expédié sur notre population civile de nombreux missiles à longue portée,  à l’est, face aux milices chiites syriennes et face aux milices chiites irakiennes.

Le huitième ennemi n’est pas le moindre puisqu’il s’agit de l’Iran des Ayatollahs, maitre d’œuvre de toutes ces agressions, armant et finançant tous ces supplétifs, qui la nuit du 13 au 14 avril 2024 a tenté une attaque majeure contre notre pays sous la forme de milliers de tonnes d’explosifs portées par des missiles de croisière de tous calibres et de drones, que notre armée, assistée de forces américaines, de quelques autres occidentaux et d’Etats arabes de l’Alliance d’Abraham,  a pu heureusement bloquer et détruire en vol à 99,9%.

D’’ailleurs, depuis, une chape de silence pèse sur cette agression sans précédent et son blocage avec succès, une première dans l’Histoire militaire par sa gravité et qui démontre les capacités de l’Iran à affronter une Europe qui, sur ce point, n’a pas de défense adéquate.

La presse, les médias, et les politiques occidentaux font aussi l’impasse absolue sur les souffrances des 130,000 Israéliens qui ont dû quitter leur domicile en raison des combats et des menaces de nouveaux massacres soudains dans les zones frontalières et qui sont devenus des réfugiés et des personnes déplacées dans leur propre pays.

Jamais, depuis l’époque nazie, ne s’était exprimé dans la plupart des pays occidentaux avec autant de virulence et d’extension un antisémitisme aussi manifeste, tourné bien entendu, particulièrement contre l’Etat juif souverain, mais porteur des mêmes symboles et des mêmes effets que l’antisémitisme traditionnel de la chrétienté et de l’islam.

Le fait que la « question juive » soit devenu le thème central des élections européennes en France met en lumière les dimensions de la folie destructrice qui affecte l’Occident pris à la gorge par l’Islam et prêt à collaborer avec lui pour le pire.

Dans le meilleur des cas, la distance prise à l’égard d’Israël consiste surtout dans une ambiguïté qui se complait en déclarations de soutien mais manifeste souvent une franche hostilité. C’est le cas de nombreux États européens mais aussi de l’administration Biden des USA nous soumettant au chantage à la fourniture de munitions au point d’entraver nos opérations militaires les plus indispensables comme le nettoyage du sud de la bande de Gaza des bandes terroristes et la prise de contrôle de l’axe dit de Philadelphie entre la bande de Gaza et le Sinaï égyptien. En effet c’est par ce canal que le Hamas a pu être ravitaillé en quantités considérables d’armes du dernier cri et pourrait se reconstituer rapidement si l’on n’y prenait pas garde.

Plus grave encore, peut-être, la perversité manifeste d’organisations internationales comme l’Assemblée Générale de l’ONU, la Cour Internationale de Justice, la Cour Pénale Internationale et la pire de toutes, l’UNRWA, complice active avérée et prouvée du massacre du 7 octobre et de l’armement à outrance du Hamas.

Il suffit d’examiner la formulation même des deux questions soumises à la Cour Internationale de Justice par l’ONU pour mettre en lumière le caractère partial, partisan et métapolitique de la haine d’Israël et de son peuple d’une part non négligeable des institutions internationales.

Ceci est le résultat d’un travail de sape, déjà ancien, des organisations internationales musulmanes et d’un grand nombre d’Etats musulmans, mais aussi de la connivence active de courants importants de l’Occident chrétien, même laïcisé.

En effet si la cour avait été fidèle à sa vocation, elle aurait immédiatement examiné de façon attentive et remis en cause le vocabulaire tendancieux employé dans la formulation même des questions posées par une majorité manipulatoire de l’Assemblée Générale de l’O.N.U., et aurait rétabli un minimum d’égalité et d’honnêteté intellectuelle dans la problématique, l’exposé des faits et les positions des différentes parties.

C’eût été son devoir et une obligation morale et juridique absolue. Or, non seulement, elle ne l’a pas fait, mais même, a largement surenchéri dans la mauvaise foi, l’ignorance volontaire des faits historiques ou récents et les points de droit qui justifient les positions de l’Etat d’Israël et du Peuple Juif en général.

Face à l’adversité de cette guerre qui nous est imposée, et qui semble bien mettre en cause notre souveraineté et jusqu’à notre existence, nous devons maintenir à tout prix la cohésion entre tous les citoyens d’Israël et tous les juifs à travers le monde. Cependant nous ne pourrons pas faire l’économie d’un examen attentif de nos responsabilités dans l’événement du 7 octobre et de ses suites.

Tout se passe comme si une frange de la société israélienne qui est, pour une large part, la classe dirigeante, avait choisi de répudier l’identité juive et surtout ses sources traditionnelles, La Bible et le Talmud ainsi que les grands textes de l’ère diasporique. Elle les a remplacés par une adhésion à la postmodernité occidentale, liée d’ailleurs au parti démocrate US, et à une morale qui se croit de notre siècle, et qui se pose en rivale de la morale juive.

Cette frange de la société s’est constituée des bastions dans l’appareil de l’Etat, particulièrement dans le système judiciaire, l’Etat-major de l’armée, l’Université, l’Industrie et le grand commerce. Certaines tergiversations dans la conduite de la guerre jusqu’ici, non exemptes de calculs politiques, pourraient bien ne pas résulter seulement des pressions américaines mais aussi du haut commandement de Tsahal manifestement coupé des cadres intermédiaires et de la masse des combattants totalement convaincus de la nécessité de la victoire complète sur le Hamas.

À force de se croire à la pointe même de la modernité, ces personnes se sont privées et coupées de la base même de leur existence nationale, religieuse et civilisationnelle. Or l’Etat qui porte le nom « Israël » ne peut pas être un doublon d’une petite nation chrétienne laïcisée, mais seulement l’héritier authentique de la civilisation des Hébreux qui a franchi les siècles d’exil pour porter au monde son témoignage.

L’élimination ciblée par Israël du leader du Hamas en territoire iranien, d’une part, et d’un très haut personnage du Hezbollah, d’autre part, après un massacre d’enfants israéliens du Golan par un missile tiré du Liban, nous place tous devant une situation nouvelle. Allons-nous vers un affrontement majeur qui nous opposera en plus du Hamas, aux Libanais et aux Iraniens, ensemble ou séparément ?

Cette menace très concrète a même obligé l’administration Biden à clarifier sa position vis-à-vis du régime des Ayatollahs en cessant enfin de le ménager et en l’avertissant de ne pas lancer la guerre totale contre Israël, qui répliquerait avec la dernière énergie. Depuis, tout est ouvert.

Léon Rozenbaum

 

 

 

 

 

 

 

 

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