Raisonner sur l’antisémitisme

Voir, depuis Israël, un débat télévisé français sur le « nouvel antisémitisme » ressemble aujourd’hui, pour un militant juif septuagénaire devenu Israélien il y a plus de 40 ans, à un mauvais rêve plein d’évocations tragiques et de prémonitions dramatiques. Mais surtout, il confirme l’impression d’indigence intellectuelle, de défaut de connaissances historiques élémentaires et plus encore de mauvaise foi et de malhonnêteté intellectuelle de la plupart des débateurs.

Disons d’abord que rien ou presque n’a changé! Il y a 50, 40 ans ou six mois les mêmes poncifs, les mêmes allusions perfides, les mêmes confusions des concepts, la même hargne anti-israélienne se fait entendre.

La seule différence, sensible, est la présence d’un Musulman de service pour exonérer d’avance les Musulmans de toute responsabilité dans le regain d’antisémitisme qui s’est répandu en France et en Europe surtout depuis les années 2000 mais dont il a fallu aux Européens 20 ans pour commencer à s’en apercevoir…

Le point le plus frappant est peut-être que pour des journalistes français de cette génération, la définition du terme « antisémitisme » semble très restrictive: tant que l’on ne charge pas les Juifs dans des wagons plombés vers des camps d’extermination, le terme ne leur paraît pas approprié…

Or la discrimination des Juifs par rapport à tout autre groupe national ou religieux, leur association avec l’argent, le pouvoir, la domination occulte, des caractéristiques physiques outrageantes, le refus de reconnaître leurs droits collectifs et notamment leur droit à l’indépendance nationale dans leur pays, la Terre d’Israël, le droit de l’Etat rétabli sur cette base à se protéger par la force à l’instar de tous les autres, la volonté de le boycotter sous des prétextes mensongers et des calomnies, sont de l’antisémitisme.

Croire que l’on peut dire n’importe quoi sur Netanyahou, sur le Ministre des Affaires Etrangères d’Israël et leur mettre dans la bouche des propos qu’ils n’ont jamais tenus est de l’antisémitisme: même Poutine ne serait pas traité ainsi, on prendrait au minimum soin de donner la source d’un de ses propos que l’on jugerait contestable ou condamnable.

Si l’on se permet cela avec le Premier Ministre d’Israël ou des membres de son Gouvernement, si l’on ne sent pas tenu de vérifier à leur sujet, des informations que l’on diffuse en violation de la morale journalistique élémentaire, c’est de l’antisémitisme.

Mais surtout, il semble bien que la « double allégeance » des Juifs continue de poser un problème insurmontable. Pourtant depuis des siècles, les Juifs font des choix clairs: Ils se vivent dans les pays de la Dispersion comme des citoyens loyaux, certes avec un lien particulier avec la patrie ancienne de Juifs, et quand ils décident que le temps du Retour est arrivé, généralement devant la dégradation morale de la société dans laquelle ils vivent, ils redeviennent des Hébreux en montant en Israël dans l’Etat juif souverain.

C’est peu de dire qu’en assistant à des débats aussi navrants, ceux des Juifs de France qui ont précédé leurs congénères en Israël ne peuvent que les encourager à faire de même.

Léon ROZENBAUM

 

One Response to Raisonner sur l’antisémitisme

  1. Lise dit :

    Entierement d accord avec toi Leon!

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