LE DÉLIRE ENTRETENU

Il y a quelques jours devant la Cour Suprême au grand complet de ses 15 magistrats, pour la première fois de son histoire, tant l’avocat du Gouvernement que celui de la Knesset, ont enfin mis en lumière publiquement la réelle problématique du statut si exceptionnel, au-dessus du Parlement et du Gouvernement, que cette institution s’est bâtie elle-même, dans l’appareil de l’Etat, mettant en question son caractère réellement démocratique.
A l’issue de cette séance marathon, on aurait pu penser que puisque un réel débat policé s’est enfin instauré, que des arguments sérieux ont été échangés, notre pays entrait dans une nouvelle ère de réflexion empreinte d’un minimum de respect d’une partie pour l’autre, et qu’allaient cesser les imprécations, les injures, les procès d’intention, les manifestations grossières de mauvaise foi, les accusations absurdes de fascisme, de nazisme, à l’encontre du Parlement démocratiquement élu en Novembre dernier, et à l’encontre du Gouvernement constitué sur cette base et particulièrement de son Chef, un homme politique d’expérience sur la scène démocratique israélienne, M. Binyamin Netanyahou, notamment au vu de l’inanité, désormais opinée par ses juges eux-mêmes, des procès qui lui sont intentés.

Effectivement, pendant quelques jours, il avait semblé que le climat détestable avait changé. C’était compter sans la volonté délirante de certains pour qui la subversion inaugurée en janvier dernier est une raison de vivre.

L’on ne peut pas ne pas remarquer les caractéristiques du mouvement subversif soi-disant « contre la réforme judiciaire ». Il dispose manifestement de fonds énormes, dont une part inconnue vient de l’étranger, sans commune mesure avec ce qu’aucun mouvement politique israélien ait jamais eu en sa possession. Sa logistique est d’une efficacité surprenante et force l’admiration. Surtout, il n’est jamais à court de nouveaux mots d’ordre, de slogans, de « gimmicks ». Tout se passe comme s’il devait à tout prix poursuivre les désordres, bloquer le fonctionnement du Pays par tous les moyens, sous peine de perdre la justification de son existence même. Son objectif réel est très clairement de mettre à bas le gouvernement démocratiquement élu.

L’un de ses thèmes favoris à consisté à prétendre faussement que le retour à la normale, le retour à la conception de la Cour Suprême antérieure à la trop fameuse « révolution constitutionnelle » du Juge Barak par laquelle la cour devait s’abstenir de traiter des questions politiques, était le signe certain que M. Netanyahou s’alignait sur les régimes Hongrois et Polonais et se disposait à éliminer petit à petit les composantes démocratiques de l’Etat d’Israël.

Et voici que pointe sur ce sujet une nouvelle campagne délirante d’envergure, instillée savamment dans les médias, à grands frais, présentée comme une prétendue « évidence » au point d’être répercutée par certains juges de la Cour Suprême.

Or, il n’y a pas d’idée plus absurde. D’abord le personnel politique israélien, de droite comme de gauche, est très attaché aux principes démocratiques, même si souvent, ses manières ne sont pas empreintes de délicatesse. Le Premier Ministre lui-même, qui depuis plus de 15 ans occupe des postes très importants dans l’appareil de l’Etat, a toujours manifesté un attachement extrême aux règles légales qui informent notre démocratie. Enfin, le Peuple qui demeure à Sion, revenu d’un exil inouï de 2000 ans, il y a déjà 75 ans, est massivement profondément attaché aux libertés publiques, à un point tel que cette accusation purement gratuite n’est seulement pas possible.

De la part de gens qui n’ont pas hésité à braver les plus sacro-saints principes sur lesquels est édifié l’Etat juif souverain, en tentant d’impliquer certaine unités militaires d’élite dans leur querelle partisane, qui ont tenté de saboter l’économie nationale en essayant de faire reculer le crédit bancaire international du Pays, en cherchant à bloquer le système de santé du Pays, l’on peut en effet s’attendre à tout et surtout de projeter sur leurs adversaires politiques leurs propres turpitudes.

On est cependant en droit d’attendre que ceux qui se sont laissés si longtemps berner par cette habile propagande et qui sont à bon droit gagnés par la lassitude devant tant de manipulations et de mensonges, acceptent désormais un vrai débat et prennent conscience de l’absolue nécessité de corriger les déviances dans le fonctionnement des institutions, sans aucun danger pour les libertés, au contraire.

 

Léon Rozenbaum

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