Un message aux Juifs éloignés

La civilisation occidentale s’est édifiée comme un syncrétisme entre ses sources grecques, latines et hébraïques. Sauf qu’elle a un problème récurrent avec ses sources hébraïques pour lesquelles elle est le plus souvent frappée d’amnésie. Saint-Paul, le Juif Saül de Tarse, est le vrai fondateur du Christianisme puisqu’il est le premier à avoir rejeté les Commandements de la Thora pour agglomérer le maximum de peuples à la religion qu’il fondait. Il transformait ainsi un projet spirituel pur en un projet de puissance empreint d’éléments de spiritualité qui assurèrent largement ses succès.
L’obstination du Peuple Hébreu, devenu le Peuple Juif dans la dispersion, à vivre et poursuivre sa route continue de susciter un questionnement lancinant pour les disciples de Saül. L’histoire de l’Occident jusqu’à nos jours est émaillée de vexations, de persécutions et de massacres contre les Juifs. En dernière analyse, la Shoah, a bien été une tentative criminelle de trouver une « solution finale » à ce questionnement.

La renaissance du Peuple Hébreu en Israël depuis un siècle de rassemblement des exils juifs sur la Terre d’Israël, sa contribution croissante à la civilisation humaine dans de nombreux domaines, sa montée en puissance diplomatique et militaire ne font qu’exacerber cette perplexité émanant d’une civilisation qui s’est très longtemps crue le « Verus Israël », le véritable Israël. Paradoxalement, aujourd’hui les Chrétiens croyants sont beaucoup plus portés à s’identifier au peuple et à l’Etat d’Israël, que les laïques qui, souvent, n’ont retenu des bases de leur civilisation que les fruits haineux et vénéneux. 

La résurgence de la haine contre les Juifs s’exprime aujourd’hui à la fois par la violence dirigée contre les communautés dispersées dans le monde et par une désinformation systématique et de plus en plus grossière concernant l’Etat d’Israël, et sa situation intérieure et extérieure, surtout en Europe occidentale.

Les Juifs de la dispersion n’ont pas toujours conscience d’être eux-aussi manipulés, désinformés et entraînés faussement dans des « indignations » frelatées et fabriquées de toutes pièces. Il n’est nul besoin de souffrir de paranoïa pour constater cette réalité. Il suffit de posséder réellement un lien direct avec la réalité israélienne pour prendre conscience de la profondeur et de la gravité de ce phénomène. La connaissance de la langue hébraïque, heureusement de plus en plus répandue dans les communautés de l’exil, est un instrument précieux pour conjurer cette véritable malédiction (« dire le mal »).   

Vu d’Israël, nous ne pouvons que lancer des signes d’espoir vers ces Juifs qui se sont éloignés, attirés par le « grand tout », oublieux des rêves et des sacrifices de leurs parents. Retrouver ses sources est un processus progressif et douloureux mais qu’ils sachent que rien n’est comparable à l’extraordinaire satisfaction de ceux qui ont traversé l’Histoire pour fouler de nouveau le sol d’Israël et avoir conscience de construire un avenir pour leurs enfants, leur peuple et de contribuer à bâtir l’espérance pour l’Humanité entière.

Léon Rozenbaum

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