Une villa dans la jungle

La décision de Donald Trump de replier les troupes américaines de Syrie n’aurait pas dû nous surprendre. Toute une série de mesures et de déclarations pro-israéliennes de sa part ne signifient nullement que sa ligne de conduite non conventionnelle s’appuyant sur le principe: »America First » (L' »Amérique d’abord ») tel que lui-même l’interprète au temps « t », ne puisse entrer en conflit avec ce que nous percevons comme l’intérêt national d’Israël.
Comme l’a expliqué récemment Itzhak Mopsic, l’Etat d’Israël est « une villa dans la Jungle ». Au Proche-Orient, se mesurent, s’affrontent et s’allient des puissances, des groupes, des armées, dont la plupart ne reculent devant rien et surtout pas les pires horreurs, les atteintes aux droits élémentaires de la personne humaine et au droit de la guerre.

Daesh, ses égorgements publics, ses exécutions par le feu d’hommes et de femmes vivants dans des cages en fer n’est pas le seul en cause.  L’emploi d’armes chimiques sur populations civiles est largement avéré de la part du Président Assad dont l’étoile a singulièrement remonté dans le sillage des bottes des militaires russes. L’Iran, la Turquie d’Erdwan (Edogan), la Russie de Poutine, les indépendantistes Kurdes, les USA, les Européens, les opposants syriens à Assad, les puissances sunnites de la région, et bien entendu Israël interviennent régulièrement ouvertement ou à couvert, pour y protéger ce qu’ils estiment être leurs intérêts essentiels.

C’est un tour de force de maintenir dans cet environnement une conduite de moralité, de proportionnalité et de limitation des dommages collatéraux, comme Israël s’y attache, à peu près seul. Pour ne pas évoquer le remarquable succès économique d’Israël dans une région sub-aride où tous les autres connaissent un exode rural destructeur face à une désertification galopante.

Alors qu’Erdwan masse des troupes pour donner l’assaut à la région autonome kurde devenue un Etat indépendant de quatre millions d’habitants et dotée d’une armée de Peshmergas qui ont tenu tête à la sauvagerie de Daesh, l’inconnue demeure sur l’attitude des USA et des Européens face à ce massacre annoncé. Il reste en effet aux Occidentaux de larges moyens militaires pour empêcher un désastre. Mais seront-ils décidés à faire reculer les ambitions ottomanes d’Erdwan? Il est clair par ailleurs que l’Etat kurde constitue un allié potentiel de choix pour Israël. Il est permis de souhaiter que notre pays offre une aide matérielle décisive aux Peshmergas. La tentation d’insularité et de réalpolitique qui plus d’une fois par le passé a inspiré la politique régionale israélienne doit être abandonnée au profit d’une vision stratégique à moyen et long terme. C’est visiblement ce à quoi s’emploie M. Netanyahou face à une opposition interne empêtrée dans des discours d’un autre âge.

 

Léon ROZENBAUM

 

 

 

2 Responses to Une villa dans la jungle

  1. Nina dit :

    Et nous allons assister impuissants à cette boucherie annoncée par Erdogan sur les seuls vrais combattants hommes et femmes que sont les Peshmergas ?

    Si nous savions par exemple qu’Israel livrerait des armes à ces pauvres Kurdes qui vont être massacrés sur l’autel de la haine d’Erdogan, je serais plus rassurée.

    Je ne puis que cauchemarder à l’évocation de ce que risquent de faire les troupes turques sur ce petit peuple qui fut le seul vaillant durant les années fortes de Daesh (fortes mais non terminées. On en garde histoire de mettre quelques prétextes en réserve pour tuer les opposants d’Assad).

    Trump est-il devenu fou ? Et surtout ces économies de bouts de chandelles pour si peu d’hommes déployés en Syrie ne sont pas une excuse à moins que…ce soit une partie de poker menteur et que retirer ses hommes signifierait qu’il compte bombarder l’Iran ?

    Ce type est trop imprévisible émotionnellement et politiquement.

  2. GUIBOR dit :

    Je ne crois pas que les gouvernements européens bougeront un petit doigt pour les courageux combattants(tes) Kurdes.

    Merkel a trop de turcs en allemagne, elle a peur de leur réaction (attentats).
    Notre valeureux micron a reçu l’ordre du « Calife » de ne pas bouger, la Grèce, l’ Italie ne sont pas de taille face à l’hitler turc ; le danemark, la belgique, la suède sont déjà islamisées, pas question de faire de la peine à Herr dogan.

    Les Kurdes ne peuvent compter que sur leur courage, une aide d’Israël et, peut-être, un coup de poker menteur comme le pense « Nina »…
    J’y ai songé aussi car j’ai la boule au ventre de voir Trump les lâcher de cette façon après tout le courage, l’acharnement dont ils ont fait preuve, les pertes qu’ils ont subies dans leur lutte contre daech et erdogan.

    Trump trompe aussi un peu Israël en faisant des salamalecs à erdogan qui commence à pourrir, verbalement, la vie d’Israël.

    Une chose réjouissante : les cartons de Tsahal !

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