L’engrenage ?
Il semble de plus en plus que le déclenchement de l’attaque de l’armée russe contre l’Ukraine ne soit pas le résultat d’une politique murement réfléchie par la direction d’une grande puissance mondiale, en vue d’une stratégie bien établie, ayant bien pesé après réflexion et évaluations la conduite des affaires, mais bien un mouvement d’humeur d’un dictateur craint de tous ceux qui l’entourent au point de ne pouvoir lui suggérer autre chose que ce qu’il veuille entendre. L’enfermement dans une certaine « conception » vous rendant sourd et aveugle à tout ce qui la contredirait, est la recette certaine vers des catastrophes.
C’est là le piège classique de tous les « souverains éclairés » qui soudain ou progressivement cessent de l’être, en devenant despotes.
Il est certain que Wladimir Putin n’avait pas tablé sur un embourbement de sa puissante armée de terre pendant un mois face à une farouche résistance. Il est certain que le Président russe n’avait pas escompté une résilience active de l’armée de l’air ukrainienne ni un véritable soulèvement populaire contre son armée de la part du berceau de la RUS, ni les capacités manœuvrières du Président ukrainien, ancien acteur rompu aux exercices médiatiques, qui s’est avéré capable de galvaniser son peuple.
Manifestement, Putin s’est enfermé dans ses représentations, partant d’une réalité de continuité historique du noyau russe à partir de sa vieille capitale Kiev, il a totalement ignoré les évolutions et surtout l’émergence du nationalisme ukrainien et son aspiration profonde à une démocratisation authentique, autant de puissants facteurs centrifuges, face au centralisme impérial de Moscou.
Certes, nous ignorons encore beaucoup d’éléments sur le déroulement de cette guerre, avant de pouvoir analyser sérieusement ces événements et leurs conséquences. Il faut aussi faire la part de la désinformation dans les deux camps.
Pourtant, les bombardements des villes, les pertes civiles, la fuite de millions de réfugiés, surtout femmes et enfants, ne sont pas que des mises en scène. Il semble bien aussi que les pertes militaires russes en hommes et en matériel soient loin d’être négligeables.
Tant que l’on n’aura pas endigué l’aspiration de Wladimir Putin à annexer l’Ukraine, au point de passer progressivement à la guerre totale, le danger d’un embrasement beaucoup plus vaste sera très réel. Il vaudrait mieux, pour tout le monde, qu’une transaction limitée soit trouvée, qui préserve l’essentiel de la souveraineté ukrainienne et permette à la Russie de sauver la face.
Mais rien n’est moins sûr. La tentation du Président russe de s’emparer des Etats baltes, voire de la Pologne, suite à l’écrasement éventuel de l’Ukraine, déclencherait certainement un conflit global. Il y a des choses que même un président américain faible, ne pourrait pas tolérer.
Ces événements auront de toute évidence un profond retentissement sur l’Europe endormie sur ses certitudes et ses rêves, une Europe qui avait depuis longtemps renoncé à sa propre défense et se réveille douloureusement nue et exposée.
En Israël, nous avons de solides moyens de défense qui ne sont pas de trop face à la détermination avouée du régime iranien de nous éliminer de la surface de la Terre et à qui ces événements pourraient suggérer de passer à l’acte.
Ils ne seraient pas les seuls dans le monde qui pourraient se sentir pousser des ailes : les Chinois contre Taiwan, les Coréens du Nord contre le Sud, etc…
Une vraie réaction de l’Occident ne serait pas de trop.
Léon Rozenbaum
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