Robert Badinter à Jérusalem
Une note de lecture, dans un groupe Yiddish francophone, d’un ouvrage récent de Robert Badinter évoquant la destinée tragique de sa Grand-Mère maternelle, assassinée par les nazis en France, m’invite à partager l’expérience d’une « rencontre » à Jérusalem avec ce haut personnage de l’Etat français, parce qu’à mon sens, cette expérience est très significative.
Je suis un juriste de formation française, avocat israélien à Jérusalem depuis 1979. Il y a quelques années, me trouvant par hasard dans les locaux de l’ordre des avocats à Jérusalem, j’appris qu’au même moment, M. Robert Badinter se trouvait là et donnait un exposé en Anglais.
Je me rendis aussitôt dans la salle de conférence et y trouvai une assistance clairsemée. Quelques questions de droit furent posées par certains de mes confrères auxquelles M. Badinter répondit. Mais il semblait étrangement mal à l’aise. Soudain, il fit une remarque surprenante: « il est très pénible d’être en Israël et de devoir parler une langue étrangère… »
Le confrère assis à mes côtés murmura: » Eh bien, parlez en Hébreu… »
Je me levai alors et posai une question de droit, en Français, et la traduisis immédiatement en Hébreu.
Or, au lieu de me répondre ou d’articuler la moindre excuse, le Président du Conseil Constitutionnel de l’Etat français, consulta sa montre, se leva et sortit en m’ignorant totalement.
Je n’avais rien fait pour mériter un tel traitement.
Mais j’avais déjà une certaine expérience de comportements étranges de Juifs de l’Exil face à un nouvel Hébreu, surtout quand il s’agit d’une personne manifestement née en France.
Quand on est, comme moi, totalement persuadé que depuis 1948, l’Histoire juive est entrée dans une nouvelle phase qui impose à chaque Juif certaines obligations et notamment une prise de position de sa propre identité face à l’Etat juif souverain, en particulier quand on passe à l’acte de venir partager in situ les joies et les dangers de ce Pays porté à bout de bras par ses citoyens, l’on n’est pas surpris que des Juifs sincères se sentent piégés dans l’identité juive diasporique. Et surtout s’ils parviennent au faîte des honneurs dans un grand Etat de civilisation européenne.
Je n’ignore pas qu’il reste beaucoup à faire pour un réel aggiornamento de l’identité juive, même 70 ans après la souveraineté recouvrée. Mais la remontée de l’antisémitisme spécialement en Europe occidentale est certainement de nature à poser les problèmes identitaires avec plus d’acuité et il est largement temps de ne plus les camoufler sous le tapis.
Leon Rozenbaum
Robert Badinter est un grand juriste, également un homme d’état mais, il y a un mais, un Juif de cour qui a défendu bec et ongle le « socialiste » décoré de la Francisque, l’ami de Bousquet : François Mitterrand.
Je me trouvais à Paris lors de la commémoration de la Rafle du Vélodrome d’Hiveroù Mitterrand avait annoncé sa venue. Des jeunes Juifs du Tagar et Betar l’ont sifflé quand il est arrivé car ils savaient (les officiels et les journalistes aussi) que le matin même il avait fait fleurir la tombe de Pétain (comme le faisaient ses prédécesseurs). Maitre Badinter a alors crié sa honte face à ces jeunes qui n’ont pas oublié devant l’ancien Vel d’Hiv, à quoi les choix antisémites de Pétain ont conduit. Badinter était très bien placé pour savoir tout cela mais il a choisi de défendre son patron. Quel dommage …