Israël a-t-il trop cédé devant le Hamas ?

L’incapacité de Tsahal, le 7 octobre 2023, à empêcher l’assaut du territoire national par une petite armée de 6000 terroristes du Hamas qui s’y sont livrés pendant de nombreuses heures à des scènes de carnage, tuant, violant, égorgeant, éventrant, brulant vifs hommes, femmes, enfants, bébés et personnes âgées, prenant en otages environ 250 personnes, est certes un échec gravissime.

A ce jour les Israéliens n’ont pas reçu d’explication satisfaisante de l’impéritie du commandement de notre armée nationale à cette occasion.

La signature  d’un protocole d’extorsion entre l’Etat d’Israël et le Hamas pour la libération progressive de la centaine d’otages encore détenus sous la terre par cette organisation terroriste depuis le 7 octobre 2023, est l’occasion du dévoilement de graves divergences d’appréciation dans l’opinion publique israélienne.

Mais il faut souligner que la césure n’est pas moins grave entre les Juifs et l’Europe occidentale dominée par l’idéologie « Woke », floraison vénéneuse originaire des universités américaines, complice active des crimes du Hamas et totalement indifférente au sort des otages Juifs, aux attaques ignobles et répétées contre les civils en Israël.

Pour la première phase, 33 otages, hommes, femmes, enfants, vieillards, en vie ou décédés (question délibérément ouverte jusqu’à la libération ou la remises des corps, par manipulation perverse du Hamas dans le plus pur style du banditisme), doivent être remis en échange de plus de 1300 terroristes dument condamnés en justice pour crimes de sang contre des Juifs parce qu’ils étaient Juifs. D’après ce qui a été rendu public, une incertitude pèse encore sur les étapes ultérieures et de nouvelles exigences possibles de la part des terroristes.

Dès l’annonce qu’un accord a été trouvé, l’on a assisté à des scènes de liesse victorieuses dans les rangs gazaouis, assorties de déclarations affirmant que sur cette base, « les Juifs vont quitter la Palestine ».

Du côté Israélien, nombreux sont ceux qui estiment que le prix à payer en libérant un nombre si considérable de terroristes avérés, responsables de la mort de citoyens israéliens innocents, et purgeant des peines justifiées, en abandonnant quasiment le contrôle de Gaza -sauf la frontière entre Gaza et l’Egypte- après 15 mois d’une guerre meurtrière, marqués de succès israéliens sur le terrain, mais aussi des pertes humaines sévères parmi nos soldats, est inacceptable.

La déception de tous les Israéliens, alors que les avancées purement militaires de Tsahal sont incontestables, de devoir accepter de pareilles conditions, qui pour beaucoup ressemblent à un grave revers continué, est immense.

Pourtant, face à la violence des sentiments et des sensations, largement justifiée face à des événements si considérables, il est souhaitable de remettre l’appréciation de la situation véritable dans son contexte physique, géographique et moral.  Il est clair que le prix attaché par Israël à la vie de ses citoyens constitue un critère de moralité fort rare, surtout chez les peuples habitués à se croire autorisés à nous faire la leçon.

Durant ces 15 derniers mois, la roue a tourné et Tsahal, notre armée, s’est, en dépit de sa faiblesse initiale, révélée capable d’une modification radicale des rapports de force et de la carte géopolitique du Proche-Orient tout entier, largement en faveur de l’Etat d’Israël.

Israël était attaqué, dès le 7 octobre, par missiles et autres engins, sur 7 fronts différents, de Gaza, du Liban, de Syrie, d’Irak, (par les « proxis » armés et financés par Téhéran), du Yémen, d’Iran et des Arabes de Judée-Samarie.

De plus, quelques 150,000 citoyens Israéliens avaient dû quitter leurs maisons au nord et au sud du pays, de crainte d’une nouvelle agression sauvage et s’entassaient dans les hôtels d’Israël.

Or, non seulement Tsahal est parvenu à pourchasser les terroristes de Gaza dans leurs places-fortes installées en violation totale du droit de la guerre et du droit humanitaire dans les hôpitaux, les lieux de cultes, les écoles, les locaux de l’ONU et l’immense réseau de souterrains mis à jour, en épargnant dans une proportion sans précédent les non-combattants.

Mais aussi Tsahal est parvenu, notamment par un coup de génie préparé de longue date, à affaiblir considérablement le Hezbollah libanais, une armée beaucoup plus considérable que le Hamas et pas moins dangereuse, puisqu’elle s’entrainait depuis longtemps à envahir notre pays avec des armes sophistiquées en très grande quantité et une série de souterrains d’assaut débouchant jusque sur notre territoire.

De plus, en riposte à deux attaques de l’Iran aux missiles de croisière, sans précédent par leur ampleur dans l’histoire militaire, dont chaque charge était capable de détruire un quartier entier, et que les armes défensives de conception israélienne ont contenu à 99%, notre armée de l’air est parvenue à détruire les systèmes de protection anti-aérienne de cet agresseur, un vaste pays de 90 millions d’habitants, en pénétrant largement son territoire. Sans que cette opération ait fait beaucoup de victimes ennemies, elle a fait une démonstration éloquente à la fois de la longue patience d’Israël et de ce que le pouvoir iranien actuel risque s’il s’obstine à vouloir notre perte.

En outre, notre armée de l’air est allée à plusieurs reprises détruire des objectifs militaires et stratégiques au Yémen, à deux mille kilomètres de ses bases, d’où l’ethnie Houti, qui domine ce pays, ne cesse de tenter des agressions contre notre pays au moyen de missiles et de drones que nous ne sommes pas toujours parvenus à arrêter.

L’affaiblissement du Hezbollah, suite aux coups portés par nos forces, a eu comme conséquence inattendue l’effondrement rapide du régime de Bachar El Assad en Syrie. Le commandant de l’un des groupes islamistes a pris le contrôle de ce pays limitrophe d’Israël. Bien que ce dernier joue actuellement la carte de la modération en complet-veston, il est difficile de savoir quelles sont ses intentions réelles relativement à la nature du régime qu’il compte instaurer et quelle attitude il adoptera à l’égard de ses voisins. A toutes fins utiles, Tsahal a pris la précaution de détruire au maximum, les armes chimiques, la flotte de guerre et un grand nombre d’avions de combat syriens, pour empêcher des velléités immédiates d’agression contre Israël.

Tout cela, allié au fait de la victoire électorale de M. Trump aux fonctions de président des USA, beaucoup plus favorable à Israël que l’administration sortante, permet d’établir un bilan bien plus favorable que l’impression que peuvent laisser les larges concessions israéliennes extorquées pour la libération des otages.

La situation reste instable, mais le 7 octobre et ses suites ont renforcé la détermination d’une majorité du Peuple d’Israël de vivre en souverain dans son pays, berceau de sa civilisation et lui a ouvert les yeux sur sa solitude et l’illusion de son acceptation comme égal au sein du concert des Nations. Le soutien frelaté de si nombreux gouvernements, institutions et même prétendues « Cours de Justice », aux ennemis d’Israël acharnés à le détruire, ne sera pas sans conséquences. Israël sera beaucoup plus circonspect dans le partage de sa créativité dans de nombreux domaines. Il exigera de tous ses voisins immédiats des preuves tangibles qu’ils ne préparent pas une attaque surprise et fera éventuellement usage de la force pour sa sauvegarde. Il deviendra intraitable avec ceux qui, chez lui, au plus haut niveau, ont fait stupidement cause commune avec l’idéologie « woke », devenue celle de complices actifs d’un ennemi féroce.

Léon Rozenbaum

 

 

 

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