Pressentiments

Il est bien clair que nous avons changé d’époque. La reconstruction de l’Europe occidentale après 1945 avait insufflé une vague d’espoir et de créativité, en plus d’un Baby-boom dans ces pays, dont l’effet régénérateur a été nommé en France : « les Trente Glorieuses ».
Parallèlement, la renaissance de l’Etat d’Israël apparaissait aux Européens comme le point d’orgue d’une réparation morale après le massacre des Juifs de ce continent.
L’Occident, regroupé dans l’OTAN sous la direction des Etats-Unis, réaffirmait ses valeurs de libertés publiques et de libéralisme économique face au bloc constitué par les Soviétiques privé, lui, de ces facultés vitales.
Pourtant, dès les années 60 du siècle précédent, certaines altérations au consensus occidental se manifestaient. La constitution de la CEE, avec en vue une politique de puissance propre, à l’avenir, et la politique militaire française de Charles de Gaulle d’autre part, entamaient l’unité de l’Ouest.

L’habitude néfaste des Européens de renoncer à assumer leur propre défense et surtout ses coûts, en se plaçant paresseusement sous le parapluie américain, a fini 30 ans plus tard, et progressivement, à l’occasion du « dialogue euro-arabe », par les livrer sans défense et sans réaction à l’Islam conquérant. Le déni persistant des Européens face à cette réalité ne les aidera pas à la surmonter.

C’est aussi cette attitude qui a entraîné aux USA le sentiment dangereux que ce pays était devenu le policier et le justicier du monde, politique assumée à grand frais et à grandes pertes humaines par ce puissant Etat.

Cette politique des USA ne pouvait pas ne pas entraîner une série de graves déconvenues. Au Vietnam d’abord, en Amérique du Sud, dans les Balkans ensuite, puis en Iraq et finalement en Afghanistan.

Désormais, la donne a changé. La Chine demeurée « communiste » en principe, donc autocratique, ayant adopté un système ultra capitaliste, sans les libertés, est devenue une puissance économique et militaire d’ampleur comparable à celle des USA. La Russie reste une puissance considérable sous régime largement autocratique et ne cache pas ses ambitions de se positionner à nouveau parmi les leaders.

En outre, une série de puissances moyennes ont acquis ou sont sur le point d’acquérir des moyens de destruction massive et des missiles intercontinentaux capables de les transporter où que ce soit. Or, très souvent, les principes qui avaient présidé à « l’équilibre de la terreur » entre l’Est et l’Ouest, ne sont pas applicables avec certains de ces pays, dont les systèmes de valeurs sont parfois proprement délirants.

Kim Jong Un, leader de la Corée du Nord a la capacité, selon son humeur, de déclencher une crise mondiale. Il possède une technologie nucléaire dont nous ignorons l’état exact mais aussi les vecteurs capables de toucher l’Occident au cœur.

Le régime des Ayatollahs en Iran, déclare Urbi et Orbi que le retour du Mahdi chiite et donc les « temps bienheureux » pour le monde dépendent d’un massacre massif de ceux qu’ils désignent comme « infidèles » c’est -à -dire avant tout les USA et Israël. Or ces gens sont très près de posséder l’arme nucléaire après avoir abusé l’Occident, et possèdent des missiles et des satellites capables d’acheminer ces engins là où ils le souhaitent. En outre, ils ont truffé le Proche-Orient de supplétifs armés de moyens sophistiqués, avec le but avoué de détruire l’Etat d’Israël et de massacrer ses habitants.

Les « Accords d’Abraham » qui formalisent des relations entre Israël et plusieurs Etats Arabes Sunnites du Proche-Orient ouvrent vraiment la voie à un avenir pacifique et à un développement agricole et technologique dans cette région du monde. Cependant les menaces iraniennes font peser un danger très réel non seulement sur les Etats de la zone mais en outre sur l’Occident qui doit impérativement sortir de sa torpeur suicidaire.

La société de consommation qui date déjà des années 70 du siècle précédent a créé en Occident la dangereuse illusion d’un « Age d’Or » déjà acquis, rendant obsolète l’idée de Nation, voire celle d’Etat et de défense nationale. Il s’agirait d’assurer le bonheur individuel de tous les citoyens du monde où qu’ils se trouvent, même s’ils sont entrés illégalement dans les pays développés. Il y a dans cette attitude une incontestable générosité. Mais aussi une part de rêve impossible et très dangereux.

Les méchants existent. Le monde multipolaire qu’est devenu le nôtre est encore plus incertain qu’il ne l’était. La pandémie sans précédent qui le frappe accuse encore plus sévèrement le trait. Nul ne sait vraiment combien de temps les vaccins tiendront, ni si une nouvelle variante remettra tout à zéro.

L’insensibilité des Occidentaux face aux menaces de mort collective proférées quotidiennement contre Israël par les Ayatollahs peut-être la résultante de l’antijudaïsme structurel de l’Occident mais aussi de la démission collective et du déni forcené face à un danger qui ne les menace pas moins que les Juifs souverains.

L’évolution récente des esprits aux USA, qui a tendance à prôner le repli sur soi et le refus de continuer une politique mondiale par trop coûteuse, la pénétration de l’Islam jusqu’au cœur des plus hautes institutions américaines risquent de déboucher sur une nouvelle catastrophe mondiale.

L’Histoire très particulière du Peuple Juif et celle de l’Etat moderne d’Israël a conduit ses dirigeants, par nécessité, à constituer dans ce pays une puissance militaire bien supérieure à ce qu’on pourrait supposer de la part d’un pays d’une dizaine de millions d’habitants. Malgré l’exiguïté de son territoire, ce pays est incontestablement une puissance régionale, et grâce à sa puissance technologique, même un peu plus.

Fasse le ciel qu’il ne doive pas à l’occasion d’une attaque surprise, faire étalage de toutes ses capacités défensives.

Léon Rozenbaum

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *