Canicules

Notre monde commence à bouillir. Ce fait est de moins en moins discutable. Pourtant, rien ne prouve vraiment que le réchauffement soit essentiellement et encore moins exclusivement le résultat de l’action humaine, puisque les scientifiques rigoureux s’accordent à dire que bien d’autres facteurs peuvent entrer en jeu. Les prudents savent qu’il ne faut jurer de rien, surtout quand des intérêts économiques et politiques considérables sont désormais à la clé.
Cependant le doute sur la responsabilité des hommes dans la crise climatique et les prédictions catastrophiques pour les années qui viennent continuent de nous hanter. Les gaz à effet de serre, l’intense circulation aérienne, la pollution généralisée depuis la « révolution industrielle », la déforestation, ont-ils plus de poids que le rayonnement solaire changeant ou que les poussières émises par les volcans ou d’autres phénomènes sur lesquels l’homme ne peut rien ? Les calottes glaciaires polaires, le permafrost, la Sibérie, le Groenland, les glaciers alpins fondent. La mer monte un peu partout, et l’eau douce se raréfie.

La civilisation occidentale est une tentative de syncrétisme entre le Christianisme, la Bible des Hébreux et la civilisation romaine. Sous les coups de boutoir de l’Islam d’une part, et de la civilisation chinoise d’autre part, l’Occident a désormais de larges doutes sur sa prééminence scientifique, intellectuelle, militaire et morale qui, au moins durant les derniers siècles, lui apparaissait naturelle. Cela engendre aussi un « coup de chaud » universel, d’un autre type, mais tout autant angoissant.

Or l’angoisse est généralement mauvaise conseillère. Elle incite les empires à se renforcer toujours plus, et les roitelets et autres dictateurs à faire de même. Les leçons des guerres mondiales commencent à s’oublier et les penchants agressifs reprennent le dessus. Tout se passe comme si le nombre des régimes politiques dictatoriaux et déstabilisateurs de régions entières du globe, augmentait sans cesse.

La Corée du nord, l’Iran, le Venezuela, la Somalie, l’Afghanistan, le Yémen et quelques autres, sont actuellement autant de foyers d’instabilité qui pourraient, chacun à son échelle, entraîner des catastrophes.

Mais il y a pire : au cœur même des institutions de l’Occident, le savoir est désormais frelaté. L’information d’abord. Elle n’est plus qu’une marchandise fabriquée et triturée au service de la politique et des avantages supposés des gouvernements. La connaissance historique, la loi, le droit n’auraient plus de consistance objective et tout dépendrait désormais du «narratif». Ce qui avait commencé, il y a un demi-siècle, comme une simple complaisance au chantage arabe au pétrole, y compris la relance de l’antisémitisme, est devenu une norme du comportement occidental. Les universités européennes et américaines diffusent de plus en plus de l’idéologie post-moderne plutôt que du savoir scientifique, surtout dans les sciences humaines. La tendance générale consiste à fonctionner sur la base de préjugés en négligeant les bases élémentaires de la méthode expérimentale, de la vérification des sources, bref, de l’honnêteté intellectuelle.

Être passé du statut de Juif diasporique à celui d’Israélien, c’est-à-dire de nouvel Hébreu revenu dans sa Patrie Historique, est l’expérience qui vous convainc le plus de la chute intellectuelle et morale de larges pans de l’humanité actuelle. En effet, la désinformation, la calomnie, la réécriture de l’Histoire, la négation du droit et de la coutume internationale, le travestissement des faits, atteignent, à propos d’Israël et des Juifs, des sommets inégalés que l’approche post-moderne prétend justifier.

Or, qu’ils le veuillent ou non, les Juifs, tous les Juifs, du fait même de leurs référents fondamentaux, la Bible hébraïque et le Talmud qui incluent en dernière analyse une obligation morale sans concessions, sont porteurs de l’une des mémoires les plus riches de l’Humanité.

C’est cette mémoire-là qui est si insupportable aux post-modernes. En rappelant à l’Homme qu’il n’est pas le centre de l’univers, mais qu’il est au monde pour le parfaire en association avec le Créateur, dans le sens d’une réussite de l’Histoire que sera l’avènement de principes moraux élémentaires universels, le Peuple Juif s’attire les foudres de tous les néo-païens.

N’accepter aucune limitation à ma jouissance hédoniste qui devient ma seule morale est, en effet, être de nouveau païen. La fournaise du monde actuel pourrait bien ressembler à celle que la Bible nous décrit à Our-Casdim.  Le feu du ciel qui ronge nos glaciers pourrait aussi avoir une signification spirituelle.

Léon Rozenbaum

 

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