À la veille du quatrième tour

À un peu moins d’un mois de la quatrième échéance électorale en Israël en deux ans, il peut être utile de préciser à nouveau les enjeux à partir d’une grille de lecture qui se détache des concepts en vogue dans l’Occident contemporain.
En effet, il ne s’agit pas, à notre sens d’un conflit entre le « progressisme » d’un côté et le « populisme » de l’autre. Ces termes sont en vérité fortement entachés de manipulation tant aux USA qu’en Europe et même, très largement, en Israël, dans les milieux éloignés des concepts de la Tradition Juive.
L’enseignement du Rav Léon Askenazi-Manitou זצ »ל, est révolutionnaire au sens où il permet, grâce à un niveau de connaissances élevé tant en culture juive qu’en culture profane, de jauger de nouveau la pensée occidentale à l’aune de la pensée juive.
Depuis deux siècles au moins, les Juifs s’étaient laissés aller à juger des valeurs juives à lumière des catégories occidentales, mode de fonctionnement d’où ils pouvaient seulement sortir perdants.

L’option de foi d’Israël en l’unicité du Créateur, emporte l’unité du monde, des valeurs, et de l’Humanité. Le projet de D.ieu, n’est pas celui d’un horloger, laissant la Nature dérouler son déterminisme, mais celui de laisser à l’Homme la liberté de construire un monde de moralité où le Créateur et l’Homme pourront coopérer et résider ensemble. Le déterminisme des lois de la nature, loin d’être un obstacle, est nécessaire au déploiement de la liberté humaine.

Israël, en recevant la Thora, a accepté de parrainer ce projet d’un monde où morale et politique ne sont pas étrangers l’un à l’autre, pour l’Humanité entière. La règle morale n’est pas le fruit d’une réflexion narcissique de l’Homme sur lui-même, mais vient, au Sinaï, d’un dévoilement céleste dont des hommes sont témoins et dont ils ont gardé la mémoire.

L’Etat d’Israël est le surgeon de cette responsabilité millénaire assumée depuis deux mille ans dans les difficiles conditions de la clandestinité de l’exil. La réapparition d’Israël dans le monde, il y a 73 ans, continue d’entraîner des remous parmi les Nations et au sein du Peuple Juif lui-même.

La contestation des Nations et leur étrange revendication de la modeste Terre d’Israël, inspirée aussi des scrupules internes au sein du Peuple Juif, exprime, en dernière analyse, leur malaise devant le projet d’identification de la moralité et du politique dont Israël est porteur. En effet, « Rendre à César ce qui est à César et rendre à D. ce qui est à D. » est un principe fondateur de l’Occident, aux antipodes de l’exigence morale de la Thora.

Dans les catégories de la pensée juive, Edom, l’Occident est l’archétype et le continuateur de la civilisation gréco-romaine et Ismaël, celui du monde arabo-islamique. Ces deux lignées qui, selon le récit biblique, furent proches d’Israël, se trouvent depuis en « compétition de moralité » avec les Juifs, génératrice d’une dialectique d’attraction-répulsion complexe et souvent dangereuse.

À l’intérieur d’Israël, les mêmes forces sont au travail, puisque 19 siècles d’exil, et surtout deux siècles d’assimilation aux valeurs de l’Occident, ont fait perdre de vue à beaucoup les vraies lignes de force.

Il est devenu très clair après l’expérience d’Oslo et de ses suites que l’Etat d’Israël ne pourra pas assurer sa sécurité minimale sans appliquer définitivement sa souveraineté entre le Jourdain et la mer. Si l’on prend au sérieux les Arabes palestiniens, y compris les Arabes israéliens, ceci est une évidence. Leur projet est une Palestine arabe et islamique et rien d’autre. Il faut une dose de mépris colonial insupportable pour ne pas entendre ce qu’ils disent et répètent sur tous les tons depuis trois quarts de siècle. La complicité de l’Occident avec ce programme n’est autre que son inconfort à accepter l’idée que la souveraineté juive puisse être autre chose qu’une parenthèse.

Personne n’a souffert autant que les Juifs des excès du nationalisme parmi les peuples où ils avaient trouvé refuge. A force d’identification avec les forces de progrès dans ces pays, avec les forces antinationalistes et antiracistes et promotrices d’égalité sociale, bien des Juifs et bien des Israéliens ne perçoivent plus le miracle du rétablissement de l’Etat juif souverain, le méprisent, le vilipendent et se moquent de le mettre en péril. Du coup, L’idée de leur propre Nation les effraie et à l’instar de la désagrégation de l’Etat en Occident, ils taxent de « fascisme », dans le pur style stalinien, tout ce qui n’est pas conforme à leur vision contestable du monde…

Cet alignement sur la pensée occidentale contemporaine est proprement suicidaire. Elle est le fait notamment de la hiérarchie judiciaire et de la bourgeoisie bien-pensante. Rien ne l’angoisse davantage que de voir un gouvernement de droite tenir tête aux Nations en défendant clairement l’intérêt national d’Israël, au point d’être capable d’inspirer un changement de pouvoir par le biais d’accusations pénales pour le moins douteuses.

Binyamin Netanyahou n’est pas le Messie. Mais il est un homme d’Etat qui a su mener la barque du Pays d’Israël d’une façon impressionnante dans un environnement difficile. Les équipements, la croissance économique, les systèmes de défense, la diplomatie tous azimuts, ont fait, sous sa direction d’immenses progrès. Sa gestion de la crise du Corona est, au total, un très grand succès, (il suffit de comparer les chiffres tant des victimes que des vaccinés) quelles que soient les séquelles que ce véritable tremblement de terre mondial, aura inévitablement générées.

A la veille de ce quatrième tour d’élections, l’on peut souhaiter que les citoyens fassent appel à la rationalité plutôt qu’aux discours de haine gratuite qui émanent de toutes parts : change-t-on de cheval performant au milieu du gué ?

Léon Rozenbaum

 

 

 

 

 

 

 

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