Un nouvel affrontement mondial?

La MENA, agence de presse israélienne francophone dont le siège est dans l’extrême nord d’Israël à Metoula, faisait remarquer très récemment qu’Il est temps de définir une stratégie pour les puissances qui, horrifiées par l’emploi de gaz de combat contre une population civile par Assad, avec la complicité des Russes, ont décidé d’intervenir militairement contre le boucher syrien, ou du moins, le proclament ouvertement ce qui leur impose au moins une action sérieuse, sinon ils perdraient la face.
Or la surenchère verbale a monté de trois crans, lorsqu’un porte-parole officiel russe a affirmé que « chaque missile américain tiré contre la Syrie, sera neutralisé ».

La guerre civile syrienne qui dure depuis plus de 5 ans a fait quelque 700,000 morts,  des centaines de milliers d’estropiés et des millions de personnes déplacées. Les quelques dizaines de morts de cette nouvelle attaque ne changent donc pas grand-chose au bilan catastrophique de cette guerre civile qui a changé en outre la Syrie en un champ de manœuvres pour les puissances mondiales et pour les puissances régionales.

Ce qui fait la différence, c’est la nature des armes employées prohibées par les conventions de Genève dès après la première guerre mondiale. Il s’agit donc d’une question de principe mais aussi d’une réaction épidermique liées à l’horreur des images de ces enfants martyrisés.

Pourtant si une coalition occidentale devait vraiment se mettre en place sur ce point, comme il semble entre les USA, la France et la Grande-Bretagne, il importe vraiment qu’elle définisse très vite des buts et des méthodes communs. L’on a bien vu en Afghanistan, en Irak et en Lybie où mènent l’impréparation et le vague dans les objectifs politiques à l’issue d’une guerre, surtout dans un pays musulman.

Or, si pour sa part Israël a des objectifs clairs en Syrie qui sont d’empêcher l’établissement de bases  militaires iraniennes à proximité de son territoire, dans un contexte où le régime iranien promet quasi quotidiennement, à haute et intelligible voix, la future éradication de l’Etat d’Israël, d’empêcher le transfert d’armement sophistiqué tant aux supplétifs iraniens que sont le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, et d’autre part le soutien à l’autonomie Kurde en Syrie et en Irak fortement menacée par la Turquie d’Erwan, il semble que ni les USA, ni les Français n’aient songé sérieusement à une sortie de crise s’ils parvenaient à éliminer Assad.

L’ère Obama a ruiné pour longtemps la crédibilité des USA au Proche-Orient à force de courtiser les ennemis de l’Occident et de rabrouer ses amis, voir les trahir, dans cette région du monde.

La tâche de Trump pour restaurer la crédibilité de son Pays est donc très ardue. Il lui faudra contenir l’expansion russe en négociant avec eux une présence beaucoup plus limitée de leur part, rejeter les Iraniens loin vers l’est, trouver un leader crédible en Syrie, assurer le retour des réfugiés y compris les minorités persécutées, Chrétiennes et Yazidies et donc laisser des troupes américaines sur place. Sans compter les fonds importants à mobiliser pour la reconstruction du pays.

Il faudra manifester une volonté de fer, y mettre les moyens et convaincre ses partenaires. C’est seulement à ce prix qu’il pourra désarçonner l’alliance quadripartite Assad-Erwan-Iran-Poutine qui a fait plus que s’esquisser et qui représente un immense danger pour l’Occident tout entier.

Léon ROZENBAUM

12/04/18

 

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